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L’habitat essentiel des épaulards

Orcas underwater

Peu de créatures marines sont aussi emblématiques sur la côte de la Colombie-Britannique que l’épaulard. Historiquement, ces baleines magnifiques compétitionnaient avec l’industrie de la pêche au saumon. À un point tel que le Ministère des Pêches et Océans installait en 1961 une mitrailleuse au Nord de la rivière Campbell, à la passe de Seymour, dans le cadre d’un plan d’élimination qui fut heureusement annulé quand les épaulards de la région modifièrent leurs trajets de recherche de nourriture. De nos jours, des milliers de visiteurs provenant de partout dans le monde visitent les eaux que frèquentent ces baleines pour mieux les apercevoir, étudier leur structure familial unique et leurs dialectes complexes.

Même si les épaulards sont maintenant bienvenue par les habitants côtiers et sont protégés par la Loi sur les pêches du Canada, ils font quand même face à plusieurs dangers.

 

  • Abondance des proies – L’épaulard résident se nourrit presque exclusivement de saumons et démontre une préférence pour le Chinook, un saumon qui a une meilleure valeur nutritive pour les baleines que les autres espèces de saumons. Depuis quelques années, plusieurs migrations de saumon Chinook ont décliné ce qui force les épaulards à couvrir de plus grandes distances plus loin pour trouver leur proie préférée. Conséquemment, l’industrie de la pêche au saumon Chinook doit tenir compte dans leur planification des besoins des épaulards afin de déterminer les quotas de pêche acceptables pour le secteur commercial et sportif.
  • Pollution – Plusieurs formes de pollution chimique posent un danger aux populations d’épaulards. L’exposition aux déversements de pétrole, qu’ils soient petits ou grands, peut nuire sérieusement aux baleines et à leur capacité de se reproduire. Même si l’espérance de vie des épaulards peut être de plus de 80 ans, elle peut être affectée si les baleines sont exposées à la pollution causée par les humains, tout particulièrement par les PCB (polychlorobiphényles) et par le DDT (dichlorodiphenyltrichloroethane). Les épaulards sont au sommet de la chaîne alimentaire et les toxines de leurs proies s’accumulent dans leurs corps, diminuant leur taux de reproduction et endommageant leur systèmes immunitaires. Des micropolluants additionnels comme les produits pharmaceutiques et les particules de plastique, qui sont présents en très petites quantités dans l’environnement, peuvent néanmoins causer des effets nocifs chez les épaulards.
  • Pertubation et pollution par le bruit – En plus de tous les autres menaces auxquelles font face les épaulards, l’augmentation des aires utilisées pour le trafic maritime empiète de plus en plus sur leur territoire. Plus de trafic signifie des risques accrus de collision entre les vaisseaux et les baleines et incidemment entraîner une augmentation du bruit dans l’environnement sous-marin. Ce bruit sous-marin affecte la survie des baleines car elles se servent d’écolocation pour pouvoir chasser, en envoyant une séries de clics qui rebondissent sur leurs proies ou tout autre objet et permettant ainsi de les localiser. Même des observateurs de baleine bien intentionnés peuvent causer du stress inutile aux baleines en les approchant de trop près ou en bloquant le passage pendant qu’elles se nourissent.

 

En 1999, les baleines résidentes du Nord du Pacifique apparaissaient sur la liste des “espèces menacées” en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada (LEP) dû à une diminution de la population et à un manque de proie. Les épaulards résidents du nord qui vivent dans les eaux entourant la partie Nord de l’île de Vancouver et le long de la côte centrale de la province ont gardé ce statut d’espèces menacées tandis qu’en 2001, la population résidente du Sud qui vit dans la partie sud de l’île de Vancouver et du Puget Sound apparaissait sur la liste des espèces en voie de disparition en vertu de la LEP.

En 2008, le Ministère des Pêches et Océans déclarait que le détroit de Johnstone était un habitat essentiel pour les épaulards résidents du Nord et a émis une ordonnance de protection en 2010. Plusieurs organismes de conservation (Ecojustice, Greenpeace, Georgia Strait Alliance, Sierra Club de la Colombie-Britannique et Raincoast Conservation Foundation) ont gagné une poursuite judiciaire contre le Ministère des Pêches et Océans pour n’avoir pas convenablement protégé l’habitat essentiel des épaulards résidents de la Colombie-Britannique car l’ordonnance de protection ne tenait pas compte des aspects biologiques de cet habitat critique comme la qualité de l’eau, la pollution par le bruit et les réserves de nourriture.

Living Oceans Society travaille de concert avec les organismes mentionnés ci-haut pour s’assurer que ces facteurs importants sont correctement traités dans la protection de l’habitat des épaulards résidents du Nord. Nous travaillons également à augmenter cette protection au moyen d’un processus de planification au niveau fédéral et provincial en conjonction avec un réseau de zones de protection marines (ZPM). Et nous travaillons aussi à garder les eaux côtières, qui sont si importantes à la survie des épaulards, à l’abri de la pollution par le bruit et le pétrole qui seraient engendrées inévitablement par une augmentation du trafic de super-pétroliers dans la région.