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Les méthodes de pêches utilisées sont importantes

Les créatures de nos océans sont en difficulté; plus de 75% des réserves de poissons sont exploitées à capacité, surexploitées ou sont effondrées complètement. La capacité de l’industrie de la pêche mondiale est 2.5 fois plus grande que ce que les océans peuvent produire d’une façon durable. Les océans ne sont plus aussi abondants et riches et nous devons absolument changer notre façon de faire les choses si nous voulons préserver ce qu’il reste.

Les problèmes:

L’équipement de pêche

Le type d’équipement de pêche peut affecter grandement le nombre de prises accessoires et l’impact sur l’habitat marin. Se renseigner sur les différents types d’équipements de pêche utilisés peut vous aider à mieux comprendre ce qui fait qu’une industrie soit durable ou non et vous permettre ainsi de faire des choix plus judicieux pour encourager des océans en santé.

Si vous voulez en savoir plus; regardez ce court vidéo sur les types d’équipements de pêche communément utilisés au Canada et leurs impacts environnementaux. Ou lisez notre dossier détaillé sur le sujet, "How we fish matters; a report on the ecological impacts of Canadian fishing gear" (en anglais seulement)

Surexploitation

La surexploitation est l’un des plus grand danger auquel font face les océans, nous pêchons le poisson plus vite qu’il se reproduit. L’utilisation de nouvelles technologies dans l’industrie de la pêche commerciale nous permet d’anéantir littéralement des populations entières d’espèces de poissons. Les gros poissons carnivores comme la morue, le saumon, le thon et le requin sont les plus vulnérables aux pressions de la pêche commerciale car ils ont une plus grosse valeur marchande; 90% de ces espèces de poissons sont déjà disparues.

Il n’y pas seulement ces espèces cibles qui sont affectées par la surexploitation, supprimer un prédateur de premier ordre d’un écosystème quelconque peut avoir des conséquences catastrophiques sur les autres espèces qui y sont connectées par la chaîne alimentaire marine.

Habitats marins endommagés

Il y a plusieurs types d’équipement de pêche qui endommagent inutilement les habitats marins. Les écosystèmes du plancher océanique comme les forêts d’algues et les récifs coraliens d’eau froide offrent un abri, une source de nourriture et une crèche pour une variété infinie d’espèces marines. Ces habitats marins se forment sur des milliers d’années et peuvent être détruits en quelques secondes par des méthodes de pêche non-durables comme la pêche au chalut et le dragage.

La prise accessoire

Malheureusement ce qui attérit dans nos assiettes ne sont pas les seuls produits de mer qui ont été pèchés; la prise accessoire est la capture accidentelle par des équipements de pêche d’espèces de poissons autres que celles voulues. Et a peu près un quart des prises de poissons mondiales sont de type accessoire, ce qui représente 30 millions de tonnes d’espèces marines que l’on retourne à la mer; les espèces surexploitées et/ou de trop petites dimensions et les mammifères marins comme les tortues ou les oiseaux de mer peuvent aussi devenir des prises accessoires.

Gestion de la pêche

La façon dont on gère une industrie de pêche peut avoir un impact sur sa durabilité. Lorsqu’on parle de gestion, cela veut dire les mesures et les réglementations qui sont en place pour protéger la dite industrie contre la surexploitation. Une gestion efficace requiert premièrement une évaluation scientifique rigoureuse, la création de réglementation et d’incitations significatives pour empêcher les méthodes de pêche non-durables et finalement des mesures coercitives adéquates pour qu’il y ait conformité dans l’industrie. Une gestion inappropriée des pêches peut entraîner des pratiques de pêches illicites, non-déclarées et non-réglementées (pêche INN), que quelques-uns blâment à tort ou à raison pour le déclin brusque de la population du nombre d’espèces en voie de disparition.

Voici un sommaire des principaux équipements de pêche commerciale utilisés dans les eaux canadiennes: Le chalut de fond

Le chalut de fond consiste à faire draguer des filets calés (avec un lest) sur le plancher marin. Le filet est tenu ouvert par une paire de panneaux lourds (chalut de fond à panneaux) ou par une poutre de bois ou de métal qu’on appelle chalut de fond à perche. La sole, la sébaste, la morue, la morue-lingue, la goberge (lieu noir) et la crevette sont les espèces communément pêchées par le chalut de fond. Cette méthode de pêche cause des dommages sérieux à la vie marine et à l’habitat du plancher marin. On estime que 50% des récifs d’éponges de verre en Colombie-Britannique avaient déjà été détruits par le chalut de fond quand on en a fait la découverte dans les années ’80. Le chalut de fond attrape des quantités considérables d’espèces non-désirées; dans un rapport récent Bycatch in Canada's Pacific Groundfish Bottom Trawl Fishery, on a trouvé que 20% du total de poissons pêchés était des prises accessoires, non-désirées pour l’industrie du chalut en Colombie-Britannique.

La pêche à la palangre de fond

Cette méthode consiste à une ligne de pêche principale sur laquelle sont attachés des centaines de bas de ligne (ou avançons) et qui sont garnis d’hameçons appâtés. Les palangres sont ancrées au fond marin et ils sont utilisés pour cibler de plus grosses espèces de poissons comme le flétan, la morue de l’Atlantique et l’aiglefin. Cette méthode de pêche a un pourcentage élevé de prises accessoires; l’industrie du flétan a un taux de prise accessoire de 27% par exemple et les hameçons peuvent aussi mettre en danger les oiseaux de mer. Néanmoins, la pêche à la palangre est stationnaire et est considérée moins endommageante pour l’habitat marin que les équipements de pêche qui draguent sur le fond. Cependant, il y a des risques sérieux pour l’environnement marin quand la pêche à la palangre se fait dans les zones plus fragiles et où il y a des récifs de coraux et d’éponges de verre.

La pêche à la palangre pélagique

La palangre pélangique consiste d’une ligne de pêche principale sur laquelle sont rattachées des lignes plus courtes (près de la surface) garnies chacune d’hameçons appâtés. La ligne est maintenue à flot par des bouées. Cette méthode n’est pratiquée que dans l’Atlantique où elle sert à capturer thon et poissons-épées. Même si la pêche à la palangre pélangique a peu ou pas d’impact sur l’environnement marin, il n’en reste pas moins que le taux de prise accessoire est très élevé; près de 50% de leurs prises totales peuvent être non-désirées. Dans l’océan atlantique, cela s’exprime par des prises accessoires incluant les espèces de tortues luth et caouanne, les poissons-épées juvéniles et finalement plusieurs espèces de requins incluant le requin bleu. Bien que la plupart de ces animaux marins soient encore vivants quand on les rejettent à la mer, plusieurs sont sérieusement blessés ou morts.

La pêche à la senne tournante et coulissante (ou seine)

Une senne est une technique de pêche très ancienne qui consiste à capturer les poissons à la surface en pleine eau en l’encerclant avec un filet, un peu à la manière dont on referme un sac à main avec des cordes que l’on tire (d’où le nom en anglais de purse seines). Ces filets sont placés circulairement avec l’aide d’une petite embarcation légère. C’est une technique efficace et économique pour attraper des bancs de poissons comme le hareng, la sardine et même quelques espèces de saumons. La pêche à la senne n’a pas vraiment d’impact sur l’habitat marin mais le taux de prise accessoire dépend de l’industrie qui l’utilise; par exemple, la pêche au hareng, à la sardine et au saumon sont des pêches plus sélectives qui ont très peu de prises accessoires tandis que la pêche au thon dans les tropiques (qui servira pour la production du thon en boîte) est souvent associée à des prises accessoires élevées de tortues, de requins et de thons immaturesa

La technique de pêche aux filets maillants

Cette technique consiste à de grands filets déployés verticalement dans l’eau. Ces filets peuvent être utilisés à des profondeurs différentes tout dépendant de l’espèce ciblée. Au Canada, la pêche aux filets maillants en eau profonde n’est pratiquée que dans l’Atlantique et l’Arctique. Alors que celle qui utilise des filets suspendus au-dessus du fond marin est pratiquée dans l’Atlantique et le Pacifique. La grandeur des mailles est délibérée pour que les branchies des poissons se coincent lorqu’ils traversent les filets (gillnets). Ils sont habituellement utilisés pour la pêche au saumon et à la morue. Pour les filets maillants en eau profonde, les prises accessoires comme mammifères marins et oiseaux de mer ainsi que les dommages causés à l’habitat marin ne sont pas négligeables. On a le même problème de prises accessoires avec les filets suspendus en mi-profondeur (oiseaux marins et mammifère marins) sans toutefois avec les repercussions néfastes des filets maillants en eau profonde sur l’habitat marin.

La technique du dragage

Cette technique est couramment employée dans l’Atlantique pour attraper les crustacés tels que palourdes et pétoncles. Le dragage de pétoncles est fait par des sacs de trellis métalliques qui se traînent sur le fond marin pour capturer les pétoncles. Tandis que le dragage de palourdes utilise un jet hydraulique qui liquifie les sédiments et attrape les objets plus solides sur son passage. La prise accessoire pour cette technique de pêche est très élevée et inclus les poissons benthiques (ou de profondeur) comme la sébaste, la morue de l’Atlantique etc. et autres invertébrés marins. Le dragage a aussi des effets à long terme sur l’écosystème du fond marin.

La pêche à la nasse et aux casiers Un nombre varié de nasses et casiers retrouvables sont utilisés au Canada. C’est un type d’équipement de pêche que l’on dépose sur le fond marin pour piéger les animaux et que l’on récupère plus tard. Les nasses et casiers peuvent endommager l’habitat marin tout dépendant de leur taille, du type de nasse et casier utilisé, de l’habitat où ils sont déposés et de la densité de l’équipement. Les casiers à poissons sont plus lourds que ceux que l’on utilise pour la pêche aux invertébrés et font plus de dommage à l’environnement marin que ces derniers. Les prises accessoires de ces types d’équipement varient grandement et dépendent de l’espèce-cible et de la taille de l’équipement et souvent ne sont que de jeunes immatures de l’espèce ciblée. La pêche à l’hameçon

Cette pêche consiste à utiliser une ligne avec un ou plusieurs hameçons appâtés s’y rattachant que l’on traîne dans l’eau ou qui peut être stationnaire. On peut attrapper plusieurs types de poissons avec cette méthode, par exemple le saumon et le thon et on considère que cette façon de pêcher a un faible impact sur l’habitat marin et un taux peu élevé de prises accessoires.