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Les industries de farine de poisson et d’huile de poisson

Pêcher pour nourrir les poissons d’élevage réduit la nourriture disponible pour la consommation humaine et endommage l’écosystème marin

La diète d’un saumon requiert entre autre chose du poisson et présentement l’industrie du saumon d’élevage nécessite plus de protéines de poisson qu’elle en produit. Ça prend plus d’un kilogramme de protéines de poissons pour produire un kilogramme de saumon d’élevage. Selon certains chercheurs, toutes ces protéines utilisées pour nourrir le saumon d’élevage, un produit de luxe qui ne combat pas vraiment le problème de la famine, devraient plutôt servir à éliminer ce problème de société et nourrir directement les gens qui souffrent de la faim.

Les saumons d’élevage ne sont pas différents de leurs cousins sauvages et ont besoin eux aussi d’une certaine quantité de protéines animales pour grossir et être en santé. Cette protéine animale provient de poissons d’espèces fourragères qui sont pêchés et broyés en farine pour en faire de la moulée et de l’huile de poisson. On définit “poissons fourrage” comme étant les espèces de poissons destinées à nourrir les espèces prédatrices à plus grande valeur marchande; par exemple, l’anchois, le hareng, le capelan, et la sardine. Ces espèces fourragères constituent une source importante de nourriture et sont à la base de la chaîne alimentaire pour plusieurs espèces marines et aussi pour certains oiseaux.

La quasi totalité des anchois pêchés au Pérou, soit 98%, et plus de 85% des sardines pêchées dans le golfe du Mexique en Californie, sont transformés en farine de poisson (moulée) et en huile de poisson pour nourrir d’autres espèces animales. Selon le rapport "Little fish, big impact" publié en 2012, on estimait que l’industrie globale de l’aquaculture utilisait plus de 68.2.8% des réserves de farine de poisson mondiales soit 3,724 millions de tonnes et 88.5.8% des réserves d’huile de poisson ou 835,000 tonnes et ce pour l’année 2006. Dans le même rapport, on estimait que la capture totale de poissons d’espèces fourragères pour l’année 2008 était de plus de 31.5 millions de tonnes avec 90% de ce total destiné à l’industrie de la moulée et de l’huile de poisson.

L’industrie de l’aquaculture améliore continuellement le ratio de poisson fourrage qu’elle a besoin par unité de poisson d’élevage qu’elle produit et fait des recherches pour réduire sa dépendance à la moulée ou à l’huile de poisson. Néanmoins, la population d’espèces fourragères est en déclin. Est-ce que l’élevage de poissons carnivores, comme le saumon par exemple, peut approvisionner la demande mondiale grandissante pour les fruits de mer sans ajouter de pression sur les réserves de farine et d’huile de poisson?  Un dossier à suivre de près.

Selon l’industrie, la pêche commerciale de ces espèces fourragères est faite d’une façon durable. Et parce que les réserves de poissons fourrage connaissent des fluctutations d’une année à l’autre, il est difficile d’évaluer si l’industrie préserve vraiment une population de poissons en santé. La récolte du poisson fourrage a aussi un impact sur les autres espèces dans le milieu marin immédiat. En enlevant ces espèces clé de la chaîne alimentaire, comme par exemple la récolte annuelle de 85% de la population d’anchois péruvien, la pêche commerciale épuise l’écosystème marin local et l’instabilise grandement. Finalement, la production de farine et d’huile de poisson impactent la santé des gens qui vivent près de ces usines de transformation.

Une façon de subvenir à la demande croissante des produits de mer sans pour autant affecter les réserves de poissons fourrage est d’encourager la consommation de crustacés et de poissons omnivores, tel que le tilapia, provenant d’élevages aquacoles. Ainsi, on réalloue une portion de la récolte d’espèces fourragères destinée à être transformée en moulée pour la consommation humaine.

Grâce à un plan marketing dynamique et créatif se concentrant sur les produits traités et surgelés de l’anchois, un programme innovateur péruvien a augmenté la consommation de ces petits poissons par 285% sur 5 ans soit 35,000 tonnes métriques en 2006 à plus de 100,000 tonnes en 2010.

Un autre moyen d’adresser notre dépendance à la moulée et à l’huile de poisson est de réduire la consommation de produits à base animale dans notre diète et de la remplacer par des produits à base végétale.